termes d'engagement
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- court terme : 1 mois
- moyen terme : 1 an
- long terme : 5 ans
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Chombatta (Choomba): Neo-Afro. American slang for friend, family member.
Cyberpunk 2020 (p. 34), Mike Pondsmith
La proximité avec le chum québecquois reste troublante. Je suis curieux de la construction entière de ce bout de fiction.
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Note de veille en cours de développement
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We run Polygraph with the purpose of sustaining our work on The Pudding. This allows The Pudding to operate in a purely journalistic space, giving us full creative autonomy on our articles. There’s no brand or client or advertisement contract controlling our Pudding projects, nor are we beholden to what gets the most page clicks. We just do what we think is interesting.
Basically, the wall between The Pudding and Polygraph is a business model embodiment of the editorial/advertising wall in journalism. The Pudding cannot exist without Polygraph, and Polygraph would have no need to exist without The Pudding.
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https://restofworld.org/2025/careless-people-book-review-facebook-global-policy/
Careless People is disappointing and revealing, for the same reason: It exposes how Facebook’s leadership, including Wynn-Williams, was complicit in enabling the company’s monopolistic, profiteering, and harmful practices under the guise of doing something good for the world or “teaching politicians” to use social media. It does not reveal anything new from what has already been exposed by rights groups for years; rather, it puts a face to the horrific events and dangerous decisions.
Despite telling an incomplete story, Careless People is a book that took enormous courage to write. This is Wynn-Williams’ story to tell, and it is an important one. It goes to show that we need many stories — especially from those who still can’t be heard — if we are to meaningfully piece together the complex puzzle of one of the world’s most powerful technology companies.
from le numérique est un champ de bataille
Je développe quelques informations glanées sur le web concernant le Project Nimbus. C’est une synthèse centrée sur le projet plutôt que les licenciements et sa controverse en tant que séquence. J’ai mis à la fin quelques pistes pour continuer à creuser les histoires qui pourraient être racontées et qui me sembleraient intéressantes.
Avec ce genre de billet, je cherche à savoir si j'arrive à formuler par écrit un sujet. N'hésitez donc pas à me signaler s'il y a des choses qui vous semble être de l'ordre de l'égarement ou s'il y a des informations complémentaires qui pourraient être pertinente pour mieux comprendre les choses.
https://www.youtube.com/watch?v=rz8Y2NSPpXo
Cette vidéo est super pour mettre des visages et des voix sur les personnes qui luttent.
Ce sont quelques références qui ont traversé mon esprit lors de la compilation de ces quelques notes.
from le numérique est un champ de bataille
J’avais besoin de me faire une petite synthèse concernant le licenciement de 28 employé-e-s de Google car ce que je lisais partait dans tous les sens à grands coups de paniques autour de l’intelligence artificielle. Mon intention était de manifester quelques chemins que j’aimerais voir apparaître et de réfléchir en faisant des phrases. Cela peut toujours dépanner celleux qui regardent la chose de loin pour éviter quelques confusions.
Serious consequences for disruptive behavior
Googlers,
You may have seen reports of protests at some of our offices yesterday. Unfortunately, a number of employees brought the event into our buildings in New York and Sunnyvale. They took over office spaces, defaced our property, and physically impeded the work of other Googlers. Their behavior was unacceptable, extremely disruptive, and made coworkers feel threatened. We placed employees involved under investigation and cut their access to our systems. Those who refused to leave were arrested by law enforcement and removed from our offices.
Following investigation, today we terminated the employment of twenty-eight employees found to be involved. We will continue to investigate and take action as needed.
Behavior like this has no place in our workplace and we will not tolerate it. It clearly violates multiple policies that all employees must adhere to — including our Code of Conduct and Policy on Harassment, Discrimination, Retaliation, Standards of Conduct, and Workplace Concerns.
We are a place of business and every Googler is expected to read our policies and apply them to how they conduct themselves and communicate in our workplace. The overwhelming majority of our employees do the right thing. If you’re one of the few who are tempted to think we’re going to overlook conduct that violates our policies, think again. The company takes this extremely seriously, and we will continue to apply our longstanding policies to take action against disruptive behavior — up to and including termination.
You should expect to hear more from leaders about standards of behavior and discourse in the workplace.
Source : The Verge
from weeknotes
Une semaine de vacances, de vadrouille et de rage sur internet.
from le numérique est un champ de bataille
Petit récapitulatif pour moi-même de la controverse qui agite la version francophone de Wikipédia et ses communautés. Bien que j’aimerai écrire plus longuement sur le sujet, je n’ai pas la bande passante nocturne pour le faire encore moins diurne. Je travaille de façon ouverte en espérant que les esprits refroidis retrouveront un brin de lucidité. Wikipédia est un projet important, chacun y contribue à sa manière, j’essaie de poser quelques bases pour éventuellement développer plus en détails certains points à l’avenir. Une note de synthèse en quelques sortes.
Le 12 février 2024 des contributeur.ice.s de la version francophone de Wikipédia ouvrent un sondage titré « Mention du nom de naissance pour les personnes trans » pour prendre la température concernant les conventions éditoriales concernant la mention du dead-name des personnes transexuelles. La problématique est principalement les personnes dont la transition aurait eu lieu après une phase de notoriété. Cela fait suite à une tribune datant de 2022 dans l’Obs réunissant un nombre considérable de personnalités du monde culturel dénonçant le manque d’égard généralisé du site pour le respect de personnes.
Le sondage en question nécessite une lecture attentive d’une longue page et les modalités de participation ne sont pas simples à comprendre tant au niveau intellectuel qu’ergonomique. Il y a 6 questions et il faut aller éditer plusieurs champs textes dans un slalom d’avis plus ou moins digeste avec parfois une forme de violence écrite. La seule condition explicite est d’avoir au moins 50 contributions sur les pages d’article de Wikipédia et donc en ne comptant pas les pages de discussion ou les pages d’utilisateur·ice·s.
On peut aussi remarquer que la préparation du sondage n’a pas été vraiment fluide et que la question de sa publicité était déjà problématique. Une tentative précédente de sondage avait déjà eu lieu et mobilisé une discussion qui dura plus d’un an et demi pour finalement avorter.
Dans la terminologie de Wikipédia, les contributeur·ice·s distinguent un sondage qui est informatif et une prise de décision.
La question intéressante pourrait être comment trouver des conventions techniques et rédactionnelles pour sortir concilier respect des personnes et encyclopédisme sans sacrifier aucun des deux ? Cette dernière notion est loin d’être figée et le degré zéro serait de se contenter d’être une succursale de l’état civil. C’est un moment important, car cela nécessite un vrai travail de concertation et de créativité. Cependant le débat n’est pas vraiment posé dans ce cadre, mais dans une attitude indélicate et feignante.
Sinkra: “Si vous avez un compte Wikipédia avec au moins 50…” – Eldritch Café
La controverse n’a d’ailleurs pas du tout lieu sur ces questions, mais sur la diffusion du sondage sur des réseaux sociaux, notamment le fediverse dans sa variante mastodon. Cela va créer un afflux, à vue de nez, d’une trentaine de votes alors qu’on peut compter plus de 300 participants au total.
Discussion Wikipédia:Sondage/Mention du nom de naissance pour les personnes trans — Wikipédia
Des personnes concerné.e.s par le sujet vont souligner dans la page de discussion du sondage leur malaise ainsi que la violence par maladresse de la démarche et des formulations. On peut considérer qu’il y a une forme de transphobie à ne pas inclure, comme dans « inclusif », proactivement des personnes sensibles à ces questions ou bien même à se sensibiliser soi-même ou collectivement avant d’entreprendre un sondage public. Demander de l’aide, c’est un savoir-être. À partir de ce moment, la page de discussion part dans tous les sens. On assiste surtout à une chambre d’écho d’un petit nombre de contributeur·ice·s que l’on pourrait qualifier de piliers de comptoir qui vont s’autoconvaincre qu’un signal d’alerte est une forme de déstabilisation frisant la cyberattaque par une puissance étrangère. Il y a ce genre de choses sur les Wikipedia, c’est un sujet sérieux, mais dans l’instant, c’est proprement surréaliste. La page discussion contient tous les éléments de langage permettant de s’autopersuader que le problème n’est pas le sondage, mais ceux qui le critiquent. C’est tout un florilège de mantras et de formules vide de sens comme « Wikipédia n’est pas un projet politique » ; il y a bien une page wikipedia sur le sujet mais elle est loin d’être aussi simpliste que cette formulation. Le but ici n’est pas non plus de faire un inventaire des biais de la communauté ayant le monopole de la parole.
Wikipédia:Bulletin des administrateurs/2024/Semaine 7 — Wikipédia
Le 19 février, 7 jours plus tard donc, une procédure de blocage est ouverte en ciblant plusieurs personnes ayant partagé le lien vers le sondage ou ayant participé aux discussions dans le « bulletin des administrateurs », la page de travail des administrateurs. Les administrateurs sont des contributeur·ice·s reconnu·e·s par les autres comme méritant des droits d’instances pour fluidifier la collaboration autour du projet. Cela, c’est la théorie. Dans les faits, il y a une visible dérive de certain·e·s vers un rôle judiciaire entre juge et flic.
Le 23 février, plusieurs personnes sont ainsi bannies bloquées de façon indéfinie. Parmi celles-ci se retrouve @Pandora@eldritch.cafe pour avoir fait valoir sa voix de concernée et chercher à défendre une meilleure inclusivité dans la consultation. @MarcBrillault@eldritch.cafe est également bloquée de façon indéfinie pour avoir alerté avec beaucoup de patience. Sur fond de rancune de longue date contre le projet Les sans pagEs, @Sinkra@eldritch.cafe se fera bloquer 3 jours. Un blocage signifie l’impossibilité d’écrire sur une page quelconque mettant ainsi fin de façon brutale à la discussion. Les votes comptent au maximum 23 participations. S'il y a un article journalistique à écrire, cela sera un très bon début d'aller recueillir leur témoignage.
La situation est telle que des contributeur.ice.s ont eu la bonne idée (sarcasme) de faire liste des participant·e·s du sondage ayant moins de 1 000 votes et moins de 50 votes. La page de discussion du sondage s’étale également en palabre pour savoir si ces contributions doivent être depuis leur inscription, les deux dernières années ou en 2024. À un moment donné, les noms des comptes étaient indiqués avant un rétropédalage de bon sens. De la bonne surveillance.
from weeknotes
Une semaine mélangeant travail et congés. Je suis parti en vadrouille dans la foulée de ce qui fait que ce billet est à la fois succinct et décousu. Je reprendrai quelques fils ouverts la semaine suivante.
from weeknotes
Il y a des films qui vous transforment. Je ne sais pas si je me souviendrais de Past Lives dans quelques temps mais ce film aura bien retourné ma semaine. Je me rends compte en écrivant ce billet hebdomadaire.
v0.15.0
parue le week-end précédent. Cela s’est passé sans encombre. J’hésite à activer l’inscription aux nouveaux articles par email bien que cela ne soit pas trop ma pratique de lecture. Les newsletters dans les boîtes mail restent quelque chose d’important pour beaucoup de personnes.s01e08
from weeknotes
Une autre semaine remplie de la banalité absurde de notre système social. Le Guin dit que l’important ce n’est pas de vivre de choses spectaculaires pour avoir quelque chose à raconter, mais simplement de cultiver sa vie intérieure. Ou quelque chose comme ça. Ces textes assez personnels s’inscrivent dans cette démarche de documenter notre époque depuis l’intérieur. Je vois aussi l'exercice comme une newsletter qui ne passe pas par l’email.
gouv.lol
et mis une redirection sur le sous-domaine https://anticiperlesjeux.gouv.lol. Cela ne m’a pas empêché de cogiter tout seul sur ce que pourrait être une réponse pertinente, mais en attendant j’ai tout de même un sentiment de travail accompli parce que le résultat est déjà là sans que cela me coûte trop de temps. C’est important dans ce petit moment de guérilla où l’asymétrie de moyen est démesurée.s01e07
from weeknotes
Une semaine assez banale. Il y a toujours quelque chose à raconter et je prends du plaisir à écrire ces notes. Si vous voulez quelques nouvelles, c’est par ici.
s01e06
from le numérique est un champ de bataille
À la suite de deux articles de The Markup sur le scraping, j’en profite pour revenir sur ce morceau important du web et articuler quelques clés de lecture. Qu’est-ce c’est ? Pourquoi est-ce important ? Et quelques contextes d’usage avec leurs enjeux.
Il y a quelques approximations par esprit de concision. Pardon par avance.
Le scraping est l’opération consistant à extraire systématiquement de l’information d’un ensemble de pages web (un site en particulier, une pelote de liens, etc.) pour constituer un jeu de données (les données, les changements dans ces données, etc.) qui pourra éventuellement servir à produire une nouvelle information (comparaison, vue macro, etc.). Une fois automatisée, cela permet de changer, l’échelle en quantité et en temporalité, des informations provenant du web. Cela en fait un élément important de l’écologie de la connaissance dans notre univers hypermédiatique.
Le scraping mobilise les tâches suivantes :
Le degré zéro est de le faire soit même à la main. Il y a longtemps, il y avait même des extensions pour navigateurs, par exemple navicrawler du Medialab de Sciences Po, pour aider à cela. La plupart du temps, c’est un script dans un langage comme python qui permet d’automatiser la partie répétitive.
Pour abstraire et généraliser l’extraction d’information, il faut souvent une compétence de compréhension de la structure d’une page web, c.-à-d. savoir lire du HTML, et en comprendre la syntaxe. Bien heureusement, le web est une technologie fondamentalement ouverte et tous les navigateurs permettent d’afficher le code source d’une page en deux clics (clic droit, voir le code source, clic gauche). Si vous entendez parler d’« inspecter le code source », c’est cela, une manipulation qui permet de relier un élément visuel avec un morceau de langage technique décrivant cet élément. Le jeu est alors de trouver le motif permettant de rassembler tous les éléments semblables.
Certains éditeurs de site web cherchent à empêcher ce genre d’opération, il n’est alors pas rare d’utiliser à nouveau un script qui va simuler des séries d’actions humaines dans un navigateur web. Redonnant ainsi un sens au terme de user agent qui permettait d’identifier un navigateur comme un instrument d’agissement (ou d’agentivité) d’un utilisateur.
Le scraping et sa continuité de pratiques sont importants, car dans le paradigme marketing actuel de l’intelligence artificielle, ce qui est automatisable a une bonne probabilité d’être recyclé comme un service payant avec un travail qui est surtout de la conception d’interface utilisateur, mais comme le design ne paie plus on parle de « robot » et d’« intelligence artificielle ». Browse.ai est un exemple de ce genre de maquillage. D’ailleurs, tout cela pourrait être fait avec du travail humain en exploitant un service comme Mechanical Turk d’Amazon et cela resterait du scraping. La différence notable est la responsabilité de l’usage de technologie et la volonté de fermer les yeux, ou non, sur les conditions d’extraction et d’exploitation du travail. Dans ce contexte, la notion de compétence est également importante, car, bien que technique, savoir lire du HTML est une connaissance nécessaire et normalement relativement facile d’accès. On n’est pas dans des affres de complexité et un minimum de pédagogie fait l’affaire. La promesse du no-code de l’intelligence artificielle est une barrière à cela et empêche la résolution du moindre problème ainsi que l’identification d’erreurs. C’est une dépendance directe au bon vouloir d’une entreprise/d’un service en fonction des orientations managériales et du marché.
Dit autrement, le scraping est un bon cas pour ouvrir les différentes problématiques sociales invisibilisées dans le paradigme dans lequel nous sommes plongés depuis quelques années et accélérer par le succès commercial de OpenAI.
L’autre point important est la complexification des technologies web. La professionnalisation des métiers du web et l’économie numérique alimentant un besoin de produire de plus en plus de pages amènent à un amoncellement de nouvelles solutions pour résoudre des problèmes sauf que chaque solution vient avec ses propres problèmes. Pour mettre une page web en ligne, on est bien loin du glisser-déposer d’un fichier vers le FTP fourni gratuitement avec son accès à Internet. Souvent, pas toujours, un site web est plus une surcouche sur une API, un point d’accès programmatique, qui permet de générer des pages et d’avoir une gestion plus dynamique de son contenu que le modèle standard de la page web. Par exemple, plutôt que de faire une page différente par personne côté serveur, on va demander au navigateur d’aller récupérer des informations en parallèle et le laisser modifier la page à un endroit qui sera indiqué par avance. Schématiquement. Une solution de repli pour l’extraction d’information est alors d’aller la chercher dans l’API. On s’éloigne alors petit à petit du scraping et de ce que percoit normalement un navigateur et donc du contexte de lecture ainsi que les différentes transformations possibles. L’information récupérée de cette façon est souvent déjà structurée et ainsi plus propre.
Commençons par les choses qui fâchent. Le scraping a une fonction importante dans l’économie numérique. Les premiers comparateurs de prix utilisaient du scraping pour alimenter leurs contenus avant l’avènement du hangar global. Marc Zuckerberg a scrapé les trombinoscopes, les facebooks, de sa fac pour en faire une compétition assez malsaine et à la mode à l’époque. Les startups sont friandes de données personnelles laissées à l’air libre pour alimenter des bases de données prospectives. Laisser son email en clair sur une page web, c’est s’assurer de retrouver sa boite inondée de publicités. Avoir un profil public github, la plateforme de Microsoft pour publier du code, c’est aussi la garantie de se faire prospecter de façon régulière à propos de nouveaux projets crypto.
À ce titre, la CNIL est sur le coup et rappelle que c’est interdit. Par contre, aller piller les autres boîtes, c’est une autre histoire. Cousin proche du scraping, il y a un crawling qui indexe le contenu des pages pour les indexer dans un moteur de recherche. La différence, c’est peut-être que le crawling est anticipé, et optimisé, par les éditeurs de site web. Ça s’appelle du SEO, ce n’est pas beau à voir et c’est une tout autre histoire.
Dans une autre mesure, la possibilité de scraper le web est un dommage collatéral de la volonté des acteurs du web commercial à extraire une valeur économique de l’attention des internautes. Afin de pouvoir assurer l’exposition à des publicités, Google cherche ainsi à contrôler la lecture d’une page web avec tout un tas de complications dont l’excuse est l’intégrité de ce qui est déclenché. C’est assez fallacieux et c’est un problème qui se mord la queue dans la mesure où le principal risque est les programmes malveillants qui se propagent par l’intermédiaire du réseau des bannières publicitaires. C’est une bataille du web en cours et le soutien, par l’usage, de Firefox est vital.
Côté recherche, il y a diverses problématiques allant de la conservation à l’analyse du langage naturel ou bien l’analyse des réseaux sociaux.
La plus importante est l’archivage du web et sa conservation. De la même façon que les crawlers commerciaux, l’enjeu est de conserver de façon intacte le maximum de choses possibles. Cela concerne des projets comme l’emblématique archive.org et l’archivage du web de la BnF et de l’INA.
Une autre problématique est l’analyse des controverses et le champ précédent des digital methods qui utilisent les matériaux comme un matériau pour construire des cartographies. C’est beaucoup plus que cela, mais il y a des livres très bien sur le sujet comme Controversy Mapping de Venturini et Munk.
https://themarkup.org/news/2020/12/03/why-web-scraping-is-vital-to-democracy
The Markup est un média US dont la thématique est la technologie. N’en faisant pas seulement un sujet, les journalistes de cette rédaction mobilisent régulièrement des méthodologies d’extraction d’information qu’il serait laborieux de faire manuellement. À ce titre, ils soulignent que le scraping du web est important d’un point de vue démocratique et central dans certaines de leurs enquêtes. Cela dérange assez les gros acteurs pour que cela se termine devant la justice avec de gros enjeux de régulation.
La question que je me pose alors est le lien entre pratique du scraping dans les rédactions françaises et la faiblesse du journalisme de données, en tant que champ, en France. Si vous êtes journaliste et que vous scrapez le web pour vos articles, cela m’intéresse d’en discuter dans le cadre d’une étude au long cours sur vos pratiques.
La transparence et l’accès de l’information sont également importants pour la société civile et l’existence d’un écosystème citoyen qui ne soient pas dans une confrontation constante avec la sphère marchande et la sphère administrative.
Laisser la possibilité de construire de l’information publique et de nouveaux services, comme vite ma dose, est un signe de santé démocratique, car il est alors possible de construire des communs et, enfin, orienter des technologies vers plus d’inclusion, de solidarité et de compréhension des collectifs.
L’association UFC-Que Choisir construit ainsi une cartographie des drives à partir d’un scraping des sites des différentes enseignes. À partir de là, il fournit un indicateur de coût du panier moyen selon les profils de ménage. Avec un peu de travail, il est possible de scraper à nouveau ces pages pour les transformer en données tabulaires permettant des analyses alternatives et de nouvelles mises en récit.
Le scraping est symbolique de la possibilité de prendre du recul, d’avoir une vue d’ensemble, à propos du web et de ce qui y circule. Certainement pas une pratique quotidienne pour l’internaute moyen, c’est un indicateur de la frontière entre ce qui est ouvert ou ne l’est pas sur le web. À ce titre, sa pratique permet de mesurer la surface du web comme espace public. Une trajectoire vers moins de contenus qui seraient disponibles au regard des internautes par cet intermédiaire est indicateur d’une opacité de l’information. Les grandes entreprises technologiques, et les gouvernements, en parallèle, bénéficient d’une grande transparence sur nos données individuelles. Comme dirait Cory Doctorow à propos de l’interopérabilité, le scraping est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour un futur désirable où Internet reste omniprésent. Autrement dit, Internet ne peut pas être une technologie sociale si le web ne reste pas ouvert et s’il n’y a pas la possibilité de construire une écologie de la connaissance où le contrôle technique ne serait pas du côté des citoyens.
Du côté de la production de contenus, de pages et de sites web, il est ainsi important d’avoir cette intention du web comme commun et espace public. La prolifération des applications pour smartphones (à 99,9 % réservées aux jardins/enclos d’Apple et de Google) est ainsi un grand pas vers la clôture du web et par extension de l’information comme moteur de la démocratie.
type : #analyse sujets : #openweb #scraping
from le numérique est un champ de bataille
Substack est une plateforme mettant en relation des auteurs et des publics. L'intérêt du site est la mise à disposition d'un paywall, c.-à-d. la gestion d'un accès à des contenus conditionnés par un abonnement mensuel ou annuel. Substack prenant une commission sur chacun des abonnements. C'est un site relativement méconnu en France, hormis quelques niches adjacentes à la culture américaine où Substack est un peu plus populaire dues à la présence importante de la culture californienne parmi les élites. Depuis quelques jours, le site se retrouve très justement critiqué pour son soutien à des auteurs d'extrême droite et pour certains ouvertement et littéralement nazis.
Quelques semaines auparavant, un article de The Atlantic revenait sur la présence de nazis sur la plateforme Substack. La défense des fondateurs de l'entreprise repose sur une vision néo-libérale de la liberté d'expression. Un laissez-faire maximaliste où tout se vaut et le marché des idées fera le tri. On est en 2023 et ce n'est pas plus une prophétie que de dire que cette idée d'autorégulation des idées est tout bonnement une fable avec des conséquences importantes.
https://substack.com/@hamish/note/c-45811343
Deux lettres ouvertes plus tard, la direction de Substack répond enfin à la controverse. Ils réitèrent sur une critique de la censure. C'est un point assez hypocrite. Leurs conditions d'utilisations comportent des critères assez clairs (). De plus, ils ont déjà choisi d'exclure certains contenus. Être ouvertement nazi et tenir des propos racistes est ok tant que c'est poli et pas “haineux”. En ne cherchant pas très vigoureusement, il est facile de trouver un substack avec la charte graphique du parti nazi (rouge, blanc, noir, Fraktur, croix gammées, drapeaux, etc.).
Une des conditions est par exemple de ne pas accepter de productions qui sont par ailleurs bannies de leur solution de micropaiement, Stripe. Or, il se trouve que certains auteurs sont bannis de Stripe pour leurs propos racistes, mais se retrouvent accueillis chez Substack avec une solution de contournement et une autre prestataire de transaction que Stripe.
La question de la microtransaction est le cœur de la plateforme. L'entreprise fait la promesse d'une rencontre d’une activité d'écriture, d’un lectorat et d’une rémunération plus ou moins conséquente. Ainsi au-delà de la simple tolérance, en contribuant à l'exposition d'auteurs fascistes, Substack leur donne une audience décuplée par l'effet de réseau, les personnes qui viennent sur substack pour d'autres raisons, mais surtout par la mise en avant de ces auteurs en les invitant à des moments éditoriaux privilégiés comme au principal podcast dédié au site, The Active Voice, sans aucune prévention ni contre-mesure.
Dans une certaine mesure, Substack est dans les pas de Medium. Ces deux entreprises ont longtemps cherché à séduire des auteurs provenant du monde journalistique et leur fournissant salaire et travail de support (éditeur, producteur de podcast). Medium cherche encore son modèle économique après de nombreuses tentatives et de changements, “l'entreprise pivote” dans le jargon de l'économie numérique, en laissant de côté des journalistes qu'elle a embauchés pour voir avant de changer d'avis. Leur modèle est actuellement un abonnement unique et une vague redistribution en fonction de l'audience. Les contenus produits le sont souvent gratuitement et se retrouvent derrière une page d'abonnement obligatoire, un paywall. Substack fait le pari d'une rémunération individualisée en fonction du nombre d'abonnements et une taxe de 10% générant un bel effet de longue traine. C'est le degré zéro dû capitalisme de plateforme. C'est aussi une logique individualiste qui met les en compétition les auteurs entre eux, le budget des lecteurs n'étant pas infini, il faut bien choisir quels contenus privilégiés, on va avoir accès. Chacun paie aussi pour sa newsletter et pour chaque auteur. C'est souvent entre 5 et 15 euros par mois, ce qui est assez voisin du tarif des médias traditionnels pour un journal entier. Il n'y a pas de partage économique et au mieux un partage d'audience à travers un système de connivence. C'est aussi une atomisation des pratiques éditoriales, tout est attaché à un nom propre, singulier et rares sont les productions collectives. En l'absence d'une quelconque forme de redistribution équitable, c'est un appauvrissement général, la concentration des revenus économiques dans une très petite fraction des producteurs de contenus, et une belle rente pour Substack. Le modèle économique est déjà bien éprouvé sauf qu'ici, on parle d'être alimenté par de l'argent sale et de financer des personnes exécrables.
Au départ, Substack est une plateforme pour faire des newsletters, c.-à-d. des textes qui seront lus dans une boite email. La tendance générale étant à transformer ces lieux de correspondance en poubelle à publicité, à notifications et artefacts de démarches administratives, trop de newsletters amènent à une saturation de l'attention qui est déjà bien malmené. En plus, on mesure beaucoup de choses dans une newsletter que sur un site ou une application. C'est pour cela que le site est moins en moins à propos de newsletters et de plus en plus à propos de discours très vagues (“The subscription network for independent writers and creators”). Le problème est que c'est, à nouveau, une entreprise qui éloigne les publics d'un web ouvert, celui où la page HTML est la finalité et non pas juste une coquille vide transportant tout un tas de technologies non interopérables, looking at you Single Page Application. D'ailleurs, même s'il s'agissait d'email, il est impossible de rentrer facilement en contact avec les auteurs qu'on aimerait soutenir dans leur démarche de changement d'espace de publication. Il y a bien les commentaires mais cela revient à peu près à attraper quelqu'un par le col de la chemise alors qu'on aimerait juste avoir une discussion cordiale avec quelqu'un à qui on donne déjà de l'argent.
Le protocole Web Monetization est la réponse ouverte à la problématique de la rémunération du travail de production culturelle. Avant tout une solution technique, elle ne touche pas du tout à la problématique sociale. D'abord c'est une solution avec une forte connotation crypto, il faut attacher un portefeuille électronique, un wallet, pour faire et recevoir des donations. Ensuite, elle suit un modèle idéologique basé sur l'individu et l'identité. Par exemple write.as est la version cloud de writefreely, un logiciel permettant à tout un chacun d'héberger une ferme de blog, pour parler comme dans le web des années 2000, et propulsant ce site. Write.as implémente justement web monetization mais sans effet de réseau ou de collectif, c'est une drôle de décoration qui ne nourrira personne et ne soutiendra aucune production.
En fait rien ne remplacera le travail collectif. Les premiers à l'avoir compris sont les médias dont le cœur est une rédaction composée de journalistes. La production est mutualisée et la rémunération est partagée sous forme de salaires. C'est une vision idéalisée et schématique. Il y a souvent quelque part des actionnaires, de la publicité, mais aussi l'État comme perfusion économique sous forme des aides à la presse. Est-ce qu'on peut imaginer d'autres formes d'organisation sociotechnique pour la production et la diffusion d'objets écrits ? À commencer par la fiction, la poésie, des écritures plus personnelles, et non pas individualistes, et pourquoi pas, en fait, du journalisme pour sortir des contraintes économiques et de la pression de l'actualité. Faire des collectifs et des communautés autonomes, et arrêter une nouvelle plateformisation d'une pratique qui pourrait quand même être sympathique. De façon connexe, on peut penser au collectif de créateurs de jeux vidéos Sokpop qui fait un jeu par mois contre un abonnement de 3 euros. Cela leur permet de s'affranchir des codes de productions du milieu et d'explorer créativement de nouveaux imaginaires. Substack n'est pas la première plateforme a exploiter l'espace séparant une écriture et sa lecture, elle ne sera pas la dernière non plus. Mais est-ce que cela ne serait pas le moment de commencer à chercher de nouveaux modèles ? Notre époque en a besoin.
type : #analyse sujets : #moderation #substack #plateforme #politique