Punkt MP02
Cela faisait déjà quelques temps que j'essayais d'avoir un usage raisonné de mon smartphone, souvent un iPhone, en enlevant progressivement les applications de réseaux sociaux, les vortex algorithmiques d'attention comme Netflix ou YouTube et finalement les couleurs. Je me sentais à l'abri jusqu'à un moment de stress et de fatigue où je me suis venu ouvrir l'App Store, partir à la recherche de nouveauté et à installer des friandises gratificatoires pour le cerveau.
Quelques jours plus tard, dans un moment de sursaut, j'ai commandé le plus rapidement possible un téléphone qui est seulement un téléphone : le Punkt MP02.
J'ai été séduit par la communication du fondateur axée sur une forme de simplicité et de minimalisme. La qualité du téléphone laisse à désirer malgré le prix élevé, 300 euros. L'écran a une vilaine tache. La batterie n'est pas remplaçable facilement. Il est fort à parier que l'appareil n'aura pas une durée de vie extraordinaire. Cependant, il fait ce que j'attends de lui : passer des coups de fil, mais qui aujourd'hui font encore cela, et répondre aux SMS. J'ai réappris à chercher mon chemin en avance ou à trouver les cartes dans l'environnement urbain. Il m'arrive depuis d'oublier le téléphone chez moi ou au bureau. Cela m'a amené, une fois, à ne pas avoir du tout de téléphone pendant une semaine parce que j'avais prévu de ne pas y retourner avant le vendredi.
La seule app développée par le constructeur est Pigeon, une version réduite de Signal. Pour activer un compte sur un ordinateur, il faut saisir deux clés crypto avec le clavier à 12 touches. Par flemme, je ne l'ai jamais fait et suis encore partiellement dépendant de mon ancien téléphone pour réactiver ma session. J'avais tenté d'installer Android dans une machine virtuelle, mais sans succès. J'espère que Signal permettra de s'identifier autrement prochainement.
J'ai pendant un temps eu le regret de ne pas avoir opté pour un Nokia qui continue à développer une gamme de téléphones simples avec des fonctionnalités basiques, dont la possibilité de faire du partage de connexion. Le principal frein est l'intégration systématique des produits Google. C'est certainement une nécessité commerciale pour ne pas se limiter aux décroissants technologiques radicaux.
Aujourd'hui, de façon plutôt heureuse, je me demande à quoi bon avoir un téléphone portable, ce qui est une autre façon de résoudre la décision. Des fois, le meilleur objet est celui qui n'existe pas.
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