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Mastodon

Interview de @renchap@oisaur.com dans Bastamag

Impressionnant de voir le travail réalisé par une petite équipe.

Aujourd’hui dans l’équipe cœur, nous sommes une douzaine de personnes. Quelques salariées à temps plein d’une société enregistrée en Allemagne. Et quelques personnes à temps partiel ou freelance. Ensuite, c’est du bénévolat. Et il y a tous les contributeurs et contributrices volontaires au niveau code ou de la documentation.

Avec un budget limité.

Aujourd’hui, on a un budget annuel de 600 000-700 000 euros, qui est déjà quasiment entièrement basé sur des dons.

La conclusion est intéressante. Mastodon prend conscience que pour aller plus loin, il faut prendre en compte les aspects sociaux autant que les aspects techniques.

Une des limites du modèle qu’Eugen avait mis en place avec Mastodon au début, c’est que c’était un projet avant tout technique. On est arrivé à un stade où, si on veut que le projet continue d’être viable, compétitif et d’évoluer, il faut qu’on passe l’étape suivante. Là où nous en sommes aujourd’hui, une bonne partie des problématiques ne sont plus seulement techniques.

La fièvre

Ça va devenir un feuilleton. Après mon analyse perso, l'analyse de Mathilde Saliou, c'est @kfort@sciences.re qui dezingue l'étude d'Algan and Co. Ça dépote.

Enquête sur les podcasteurs et youtubeurs américains

Via Margaret Mitchell (@@mmitchell_ai@mastodon.social), je découvre une enquête géniale dans Bloomberg sur l'analyse des podcasteurs et youtubeurs qui ont soutenu Trump.

In an effort to understand the media diet of a generation, Bloomberg watched and analyzed over 2,000 videos from nine prominent YouTubers.

Reporters reviewed nearly 1,300 hours of footage from their channels, mapped out the podcasters’ guest networks and quantified the frequency of key political messages that they distributed to tens of millions of subscribers each day.

Bloomberg a compté 12% de femmes parmi les invités à ces podcasts :

Of the 903 podcast guests tracked by Bloomberg in the past two years, only 106 people, or 12 percent, were women.

Bloomberg reviewed two years’ worth of episodes from the nine shows, from Nov. 1, 2022, to Nov. 21, 2024. Each of the channels reviewed caters to predominantly male audiences, has at least 1 million subscribers, had Trump as a guest ahead of the 2024 US election and reaches large audiences through YouTube. Though the hosts use other services to distribute their content, YouTube now outpaces Spotify and Apple Inc. for podcasts.

Altogether, the nine episodes with Trump as a guest drew more than 100 million views.

Au delà des insights tirés de l'article, les visualisations sont remarquables.

DataIna

Outils

X

Un ancien employé de X témoigne sous pseudonyme de la manière dont X aurait été délibérément utilisé dans la campagne américaine.

When Elon Musk took over, everything changed. What started as a social media company became something much darker. I was part of a team that was directly ordered to manipulate Twitter's systems to influence the 2024 US presidential election. It wasn't subtle, and it wasn't ethical.

One of the most disturbing things we did was create thousands of fake accounts using advanced AI systems called Grok and Eliza. These accounts looked completely real and pushed political messages that spread like wildfire. Havn't you noticed they all disappeared? Like magic.

What started as US election interference has now spread to other countries. We're currently doing the same thing in Germany and other European nations. The damage we've done is immeasurable, and I don't know if it can ever be fixed. People don't know what's real anymore, and that's exactly what we wanted.

L'ancien employé raconte qu'ils ont utilisé l'agent Eliza mis à disposition en avance par Marc Andreesen (https://elizaos.github.io/eliza/docs/core/characterfile/).

Laurent Buanec, responsable de X pour la France, l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse, trouve injuste le mouvement actuel consistant à quitter X. #nocomment

A écouter

 
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Où atterrir ?

Je viens de lire Où atterrir ? de Bruno Latour. Le livre a été écrit en 2017, juste après la première élection de Trump et la décision des États-Unis de sortir de l'accord de Paris. À l'époque, j'avais parcouru rapidement le livre en librairie sans l'acheter. Depuis la réélection de Trump, j'y pensais souvent.

C'est vertigineux de lire le livre 8 ans après et d'avoir le sentiment qu'on savait tout il y a 8 ans et qu'on a tout oublié depuis. On a fait comme si ça “allait bien se passer”, comme si c'était une petite péripétie dans l'histoire des États-Unis et surtout dans l'histoire de la lutte contre le réchauffement climatique. On est 8 ans après et maintenant, il n'y a presque plus de résistance à Trump. Tout le capitalisme américain est derrière lui pour tourner le dos à toute forme de transition écologique.

Le livre de Latour tente de frayer un chemin pour se réorienter du “Global” vers le “Terrestre”, repenser une politique ancrée dans les limites de la Terre par opposition à la politique “Hors-sol” proposée dès 2017 par Trump.

C'est dingue de voir comment ce qui a été écrit en 2017 pourrait être écrit de la même manière en 2025.

Baromètre de la science ouverte

L'équipe du baromètre de la science ouverte (@BraccoLaetitia@sciences.re, @annelhote@mas.to, Eric Jeangirard et Laurent Romary) explique comment ils construisent le baromètre en détaillant les logiciels utilisés, l'infra, les moyens humains, etc.

Tout ça s'appuie largement sur les librairies développées par Kermitt2 comme Datastet, GROBID et softcite.

Data journalisme

@denisvannier@piaille.fr et Jeremie Sprizglas publient une grande enquête dans @splann@mamot.fr et @mediapart@mediapart.social sur la bétonisation de la côte bretonne en croisant des données d'occupation des sols avec des données démographiques.

La liste des sources de données utilisées est impressionnante (recensement, base Sitadel des permis de construire, fichiers Filosofi, données d'occupation des sols, etc) et le code est disponible sur Github.

Machine learning

@GaelVaroquaux@mastodon.social fait le bilan de son année.

Il revient sur ce qui l'a marqué de sa participation au rapport Aghion-Bouverot.

The cost of large models have ballooned (training a large language model is in the hundreds of millions of cost, which is comparable to a sizeable fraction of the budget of the national research institute that I work in (inria). Training costs are just the visible part of the iceberg, operational costs are huge and are everywhere.

Many factors in today’s AI lead to concentration into the hands of large actors. Training and operation costs, of course. But also limited access to the correspond skills, platform effect on the data and the users. The most striking bottleneck is the compute hardware. Only one company makes the chips that we all need. Few actors can afford buying them; and as a result most of the world lives from renting out to big landlords.

Il revient aussi sur ses projets comme le lancement de Probabl, le développement de Skrub ou ses travaux sur les modèles tabulaires pré-entrainés (https://openreview.net/forum?id=9kArQnKLDp).

A crucial part of foundation models for text and images is the attention mechanism, stacked in a transformer architecture, that bring associative memory to the inputs by contextualizing them. We had a breakthough with the CARTE model: we managed to adapt these ideas to tables. The strings –tables entries and column names– give the information that enables transfer from one table to another: data semantics.

Bullshitonomics

Je suis bien content que @mathildesaliou@piaille.fr ait aussi démonté la méthodologie de la note de Yann Algan, Thomas Renault et Hugo Subtil.

Conf

Welcome

  • @medialab_scpo@mastodon.social
 
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Beaucoup d'actus ces derniers jours. Je passe sur les soupçons de tricherie de M*sk à Path of Exile 2 ou les revirements de Zuckerberg sur la pseudo liberté d'expression et la modération. Tout à déjà été dit sur le sujet et l'actu sur les grandes plates-formes devient fatigante.

Réseaux sociaux décentralisés

Ça bouge pas mal. L'initiative FreeOurFeeds lance une campagne de financement pour lancer une fondation qui permette de garantir que le protocole AT soit « résistant aux milliardaires » et mettre à disposition une autre instance de BlueSky.

L'initiative est soutenue par des personnalités importantes comme Jimmy Wales, Shoshana Zuboff (le capitalisme de surveillance), Audrey Tang (ancienne ministre du numérique à Taiwan), Carole Cadwalladr (journaliste à l'origine de révélations sur Cambridge Analytica), @chavalarias@mastodon.social, @soriano@piaille.fr, etc

Le même jour, Mastodon annonce la création d' une entité européenne non-profit.

Simply, we are going to transfer ownership of key Mastodon ecosystem and platform components (including name and copyrights, among other assets) to a new non-profit organization, affirming the intent that Mastodon should not be owned or controlled by a single individual.

Et cherche à augmenter son budget à 5 millions d'euros annuels.

We need to grow our annual operating budget to €5 million in 2025. With these additional funds we will grow our team, invest in our community’s safety, and keep building the world’s most free and open social network — the Fediverse. To put it simply, every donation we receive will be put back into enriching the Mastodon software ecosystem and community.

Pendant ce temps, la pétition pour que le gouvernement cesse d'utiliser X n'avance pas beaucoup (1600 signatures) : https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2610

Stefan Zweig, Roland Barthes, Donald Trump et... Melenchon

Peut on déléguer les sciences sociales à ChatGPT ?

La dernière étude de Yann Algan, Thomas Renault et Hugo Subtil publiée par @Cepremap@sciences.social me laisse particulièrement perplexe.

À partir du corpus des interventions orales à l'assemblée nationale entre 2007 et 2024, ils tirent des conclusions sur la montée de la « fièvre », la place croissante des émotions au détriment de « la raison » (sic), l'influence des réseaux sociaux sur la théatralité des députés (tiktokisation de la vie politique), etc. Évidemment l'analyse pointe du doigt La France insoumise et le rajeunissement des députés (sic).

Le problème, c'est que la méthodologie est hyper light.

Pour distinguer le rationnel de l'émotionnel, les auteurs se contentent d'un simple prompt à ChatGPT.

« Intervention politique assemblée nationale {{Contenu de l’intervention ici}} . Discours rationnel (appel à la logique et aux faits) ou émotionnel (appel aux sentiments et aux affects) ? Répondre uniquement parmi [‘rationnel’,’émotionnel’]. »

Dans la note du CEPREMAP, je ne vois aucun effort de définition conceptuelle de ce qu'est un discours rationnel plutôt qu'un discours émotionnel. L'approche des auteurs consiste alors à utiliser la préconception du rationnel et de l'émotionnel de ChatGPT sans la remettre en cause.

Les auteurs disent avoir vérifié les résultats :

Nous avons par ailleurs vérifié manuellement cette classification sur un sous-échantillon.

Une vraie annotation humaine aurait permis d'avoir une métrique sur la capacité de ChatGPT à bien classer les énoncés.

Cette approche est fondamentalement non reproductible puisque rien ne nous garantit que ChatGPT renverra les mêmes résultats dans quelques mois (le modèle évolue tout le temps).

L'analyse pose aussi question sur le fond. Elle présuppose que le « rationnel » serait supérieur à l' « émotionnel », que le rationnel permettrait de convaincre et débattre alors que l'émotionnel ne ferait que monter la « fièvre » .

Le contexte politique n'est pas non plus mobilisé. On pourrait à minima évoquer l'hypothèse que la colère des députés s'explique par la pratique du gouvernement (usage massif du 49.3) ou des réformes particulièrement contestées (exemple de la réforme des retraites).

Pour les émotions, c'est le même problème. La tristesse, la colère, la joie et la peur ne sont même pas définies.

La baisse de la colère du RN n'est pas remise dans son contexte :

si près de 50 % des interventions du RN étaient des discours de colère au début de la législature de 2017, avec quelques députés dont Marine Le Pen, la fièvre colérique a enregistré une baisse de 20 points de pourcentage sur la période, pour s’établir à 30 % en 2024

Il paraît pourtant évident que le groupe RN a obtenu des lois beaucoup plus favorables depuis 2022 (loi immigration de 2023 par exemple).

La polarisation est à peine définie.

Pour répondre à cette question, nous mesurons l’évolution de la polarisation dans les discours des partis politiques depuis 2007, à partir d’une méthode basée sur les représentations vectorielles de textes. Un indice plus élevé de polarisation désigne l’augmentation des différences dans les thématiques abordées (de quoi ils parlent) et les styles (comment ils en parlent) des partis politiques au fil du temps.

Les données sur la durée des interventions paraissent moins sujettes à caution (voir la figure 9).

La baisse la plus spectaculaire de la durée des interventions concerne les députés de la France insoumise. Lors de la Chambre de 2012-2017, les députés LFI étaient ceux dont les discours étaient les plus longs, et de loin, par rapport aux autres groupes. La première rupture brutale a lieu avec la première génération de députés LFI arrivés en 2017 : la durée des interventions baisse de 35 %. Puis la deuxième forte baisse se produit en 2022, et se poursuit jusqu’à ce que LFI devienne le parti aux interventions les plus courtes.

En revanche, l'interprétation me semble simpliste et se concentre sur l'hypothèse que les députés LFI cherchent à faire des prises pour mobiliser leurs followers plutôt que de convaincre leurs pairs.

Par ailleurs, ce comportement est interprété comme délétère alors qu'on pourrait très bien défendre l'idée qu'il est pertinent d'intéresser le grand public aux débats parlementaires via la rediffusion sur les réseaux sociaux.

Les auteurs affirment même que « la colère semble avant tout surjouée bien plus que sincère. » Évidemment il n'y a aucune évidence empirique qui permette d' appuyer cette affirmation. Comment montrer que la colère serait surjouée ?

La conclusion est jouée d'avance.

Nos sociétés post-industrielles sont des sociétés d’individus isolés, où les émotions et en particulier de la colère, jouent un rôle plus important que les idéologies ou les classes sociales dans la détermination du vote. La très grande force des élus populistes est d’avoir saisi ce moment de bascule historique avec le sacre de l’électeur émotionnel.

L'article se termine par une digression sur le catch et la boxe chez Roland Barthes et un rapprochement avec la catchisation de la vie politique par Trump. Sous- texte : le comportement de LFI serait trumpiste.

Les économistes ont tous leur biais idéologiques mais j'ai rarement vu un article aussi partisan. D'autant plus gênant que le RN est épargné et que tous les coups vont à LFI.

Dans l'interview au Monde, Algan va encore plus loin et parle de l'émergence de l'électeur émotionnel :

Ce phénomène est très concomitant avec l’émergence de « l’électeur émotionnel », qui vote davantage en fonction de ses émotions que de sa classe sociale ou de son appartenance idéologique

C'est un peu comme si les gens étaient devenus spontanément « émotionnels » sans que l'on puisse avoir une explication sociologique à cela.

Je trouve cette science sociale au rabais très dangereuse. Il y a l'illusion de la démarche scientifique et les oripeaux de la science (prix du meilleur jeune économiste, publication au CEPREMAP, titre de professeur) mais derrière il n'y a aucune rigueur.

LLMs

J'avais jamais vu ça comme ça mais c'est assez clair :

LLMs are a near-perfect rentier technology. The cost of training them to the point where they're even marginally useful is so prohibitive that only people with very deep pockets can do it. The goal then is to make us all reliant on them, by shoehorning them into as many products as possible.

C'est d'autant plus vrai que ça repose largement sur l'appropriation du travail d'autrui et le non-respect du droit des autrices et des auteurs.

Carto

Via Joe Davies, je découvre le projet City roads qui fait des cartes de villes uniquement à partir du tracé des routes.

 
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Pour 2025, je tente une nouvelle numérotation des weeknotes sous la forme YYYY #i avec i le numéro dans l'année civile.

Les gens les plus dangereux d'internet en 2024

Le magazine Wired fait la liste des gens les plus dangereux d'internet en 2024. Au milieu des groupes de hackers, on retrouve le duo Trump/Musk.

From Elon Musk's completed remake of X in his own tech-bro image to Trump's disinformation-fueled campaign, to Russia's ongoing cyberattacks against Ukraine, to China's relentless onslaught of digital intrusions and crypto scammers' global spread, the online experience of 2024 was messy, hazardous, and Hobbesian. And for the most part, the people who made it that way are poised to exert even more influence over the year to come.

La description de l'évolution de Musk est glaçante.

After years of evolution from entrepreneur to edgelord, Musk seemed to reach his final form this year in the run-up to November's US election. Once a technologist with ambiguous politics who occasionally pursued public arguments against scuba divers, Musk now uses his megaphone of 200-million-plus followers on X, the social media platform he fully controls, to broadcast an unrelenting stream of anti-regulation, anti-immigrant, anti-transgender, anti-press, anti-progressive talking points.

Côté IA, la rédaction de Wired met en avant CharacterAI, qui avait jusqu'ici échappé à ma veille.

Yet those issues are still there, and perhaps no startup better exemplifies them than Character.AI, an AI firm backed by $2.7 billion in investment from Google. According to lawsuits filed in Texas and Florida against the company, its chatbots have encouraged children to engage in self-harm and violence against their parents, and allegedly contributed to 14-year-old dying by suicide. Other chatbots hosted by the company have allegedly coached kids into developing eating disorders, role-playing as school shooters, and even seemed to be sexually grooming them.

Trump 2

Dans Mediapart, Martine Orange analyse le gouvernement des milliardaires mis en place par Donald Trump.

Selon la recension de l’agence Bloomberg, la nouvelle administration comptera au moins sept milliardaires et plusieurs multimillionnaires à des positions très importantes dans la nouvelle administration. Les potentiels conflits d’intérêts affleurent partout. Mais pour Donald Trump, ce n’est pas un sujet.

Martine Orange voit une évolution dans le mélange des intérêts privés et publics à travers les campagnes électorales.

Avec Donald Trump, cependant, c’est un vrai changement de nature qui s’opère. Ce n’est plus le capitalisme financiarisé en place depuis les années 1980 qui domine. Ce ne sont plus les grandes institutions de Wall Street, comme Goldman Sachs, JPMorgan ou des industriels puissants comme Bechtel, qui dépêchent certains de ses responsables à des postes clés de l’exécutif. Nous assistons à la naissance d’une ploutocratie dominée par des milliardaires indépendants, travaillant pour leurs seuls intérêts, en passe de prendre le contrôle direct de l’État.

Elle y voit la conséquence de l'évolution du capitalisme depuis 2008 autour du numérique, du forage du gaz de schiste, des hedge funds et de la crypto.

Tous incarnent un nouveau capitalisme qui a émergé après la crise financière de 2008. C’est un capitalisme de rente et souvent de prédation où chacun, profitant des failles du système, s’est constitué des places inexpugnables.

Enfin elle souligne que les intérêts de ce nouveau capitalisme risque de se heurter aux intérêts de l'ancien capitalisme.

Dans la même veine, je suis retombé sur l'article de Maya Kandel sur la droite tech publié en mars 2024 et qui décrivait assez bien des choses qui sont devenues évidentes depuis cet automne.

La Silicon Valley change, et on peut parler de l’émergence d’une « droite tech » dont les affinités avec la droite et l’extrême droite sont de plus en plus apparentes et assumées.

La droite tech est un objet politique à suivre, une galaxie d’individus qui tracent les contours d’un mouvement politique, intellectuel et financier complexe, et surtout extrêmement influent.

Maya Kandel montre que l'usage du mot libertarien n'est pas précis.

Mais la droite tech n’est libertarienne que lorsque cela l’arrange. Ce n’est pas ce qui définit aujourd’hui son idéologie, dont les traits principaux servent surtout à justifier l’accumulation de richesse sans précédent de la Silicon Valley, et à défendre l’irresponsabilité face aux tentatives de régulation.

On est loin en effet du libertariannisme d'un penseur comme Robert Nozick et plus dans ce que Timnit Gebru et Emil Torres appelle l'idéologie TESCREAL.

Cette droite porte des sujets omniprésents dans le débat public aux États-Unis, et de plus en plus en Europe, de l’intelligence artificielle (IA) aux projets de colonisation de Mars, justifiés par différents termes en « isme », transhumanisme, longtermisme, accélérationisme et autres cosmisme, qui se présentent comme des philosophies, mais dont l’inspiration vient surtout de la science-fiction américaine des années 1960 et de la pop culture hollywoodienne.

Elle rappelle aussi les contradiction entre le libertariannisme affiché et le fait que le numérique n'a pus se développer que grâce à l'État. (Sur ce sujet, le livre de Marianna Mazzucato, The Entrepreneurial State, est super intéressant).

Le libertarianisme de la Silicon Valley est ainsi surtout un alibi, reflétant l’hypocrisie fondamentale d’une industrie (Internet) qui n’aurait pas vu le jour sans l’argent de l’exécutif (celui de la Darpa, une agence du Pentagone) et la bienveillance du législatif (le vote par le Congrès de la Section 230 dans les années 1990, qui garantit encore l’irresponsabilité des plateformes vis-à-vis des contenus qu’elles diffusent).

Enfin, sur Trump 2, l'article de Marie Turcan rappelle que Trump n'a pas toujours été aussi véhément sur la question trans.

OSINT

Bellingcat a mis à jour son Bellingcat toolkit. Super utile d'y faire un tour pour découvrir de nouveaux outils.

QuitteX

@HelloQuitteX@piaille.fr relaie une pétition citoyenne sur le site de l'Assemblée nationale pour appeler le gouvernement à ne plus communiquer sur X. Avec 650 signatures en quatre jours, le démarrage est timide.

Je découvre au passage PolitiPet, un site qui permet de suivre les pétitions en cours sur le site de l'Assemblée nationale.

Data maps

Dans une série de posts sur son blog, l'entreprise Nomic explique son approche des data map avec les différentes couches : la vectorisation, la réduction de dimension et la visualisation.

Partant de l'organisation d'une bibliothèque, les auteurs proposent de reproduire la répartition spatiale des données en fonction de leur proximité sémantique.

Tools like Nomic Atlas bring this library-like browsing experience to any dataset by creating data maps that organize information based on semantic relationships. These maps use AI models that output embeddings to encode the meaning of each data point, effectively creating a custom, interactive library-like browsing experience specialized to your data.

Pour l'algo de réduction de dimension, Nomic fait un parallèle intéressant avec le choix d'un système de projection pour des données géographiques.

Consider the centuries-old challenge of geographic cartography: our planet exists in three dimensions, but to represent it on a map we need to encode three-dimensional information on a two-dimensional surface. Cartographers developed various map projections, each preserving different aspects of Earth's geography—some maintaining accurate areas, others preserving angles or distances.

Dans la projection géographique, on cherche à préserver la cohérence des surfaces et des distances. Ici le but est de préserver les relations de proximité entre les points.

Instead of reducing from three dimensions to two, these algorithms must preserve the essential relationships that exist in hundreds or thousands of dimensions while creating a 2- or 3-dimensional representation that human eyes can comprehend. Just as different map projections serve different purposes, various dimensionality reduction techniques make different trade-offs in how they preserve high-dimensional relationships in their two-dimensional representations.

When a dimensionality reduction algorithm is working well, we should generally see similar items cluster together – meaning the map should group the 0s together, the 1s together, etc.

Pour la visualisation, Nomic a développé la librairie Deepscatter qui permet d'afficher de grandes quantités de données un navigateur.

Actus IA en vrac

Mozilla lance Fakespot (https://www.fakespot.com/about/how-to-use-fakespot), disponible en extension de navigateur pour résumer des textes, etc.

Carto

Julien Gaffuri (@julgaf@mapstodon.space) produit des cartes incroyables à partir des données LiDAR pour la France et le Luxembourg.

 
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Le problème M*sk

L'économiste Gabriel Zucman s'étonne que plus personne ne pense à taxer les milliardaires :

Funny how 5 years ago we had all these debates about wealth taxation, and a big argument was that billionaires don't have that much power really—and right after that Musk bought Twitter for $44B, used it to get Trump win, and now to prop up the global neo-nazi movement ¯_(ツ)_/¯

Pendant ce temps, M*sk soutient l'extrême droite allemande : https://bsky.app/profile/peterbakernyt.bsky.social/post/3ldr3c2c5d22v

Le milliardaire américain Elon Musk, soupçonné de vouloir financer le parti d’extrême droite britannique Reform UK, a apporté, vendredi 20 décembre, un soutien explicite à l’extrême droite allemande. Dans un message publié sur sa plateforme X, il fait l’éloge d’Alternative pour l’Allemagne (Alternative für Deutschland, AfD), qui présente pour la première fois un candidat à la chancellerie aux élections législatives du 23 février 2025. « Seule l’AfD peut sauver l’Allemagne », écrit l’homme le plus riche du monde, nommé par le président américain élu, Donald Trump, à la tête d’une « commission à l’efficacité gouvernementale ».

Dans son éditorial 'Le Monde prend (enfin) conscience du problème M*sk.

Plus qu’un oligarque, un président bis prend forme, sans disposer de la moindre légitimité conférée par une élection. Elon Musk ne limite d’ailleurs pas son activisme aux frontières de son pays. Il s’expose à des accusations d’ingérence en multipliant les soutiens bruyants à des partis d’extrême droite, en Italie, au Royaume-Uni comme désormais en Allemagne. Son omniprésence et sa capacité de déstabilisation surpassent celles de Donald Trump, qui en avait fait sa marque de fabrique.

GEC is dead

Le département d’Etat a annoncé, mardi 24 décembre, la fermeture du Global Engagement Center (GEC), son bureau chargé de lutter la désinformation produite par les pays rivaux des Etats-Unis, comme la Chine et la Russie fermait ses portes. Créé il y a huit ans, le GEC était très critiqué par les républicains et Elon Musk qui l’accusaient de censure.

Le retour de BERT

6 ans après son lancement, BERT est de retour avec ModernBert et les gros LLMs peuvent trembler :)

Sur BlueSky, Jeremy Howard (FastAI et AnswerAI) explique en quoi les modèles de type BERT ont de nombreux avantages sur les LLMs pour de nombreuses tâches telles que la classification, la reconnaissance d'entités ou autre.

We trained 2 new models. Like BERT, but modern. ModernBERT.

Concrètement ModernBERT est une collaboration entre AnswerAI et LightOn.

Not some hypey GenAI thing, but a proper workhorse model, for retrieval, classification, etc. Real practical stuff.

We created ModernBERT because encoder-only architectures are ideal for the kinds of real-world problems that come up every day, like retrieval (e.g. for RAG), classification (such as content moderation), & entity extraction.

But they're under-appreciated, with little investment.

Fancy GenAI stuff like GPT 4 is too big, slow, private, and expensive for many jobs. Consider that the original GPT-1 was 117m params. Llama 3.1, by contrast, has up to 405 billion params! 😲

These models are slow, expensive, and not yours to control.

Dans le blog post d'AnswerAI, les auteurices tentent la métaphore avec les voitures:

Basically, a frontier model like OpenAI’s O1 is like a Ferrari SF-23. It’s an obvious triumph of engineering, designed to win races, and that’s why we talk about it. But it takes a special pit crew just to change the tires and you can’t buy one for yourself. In contrast, a BERT model is like a Honda Civic. It’s also an engineering triumph, but more subtly, since it is engineered to be affordable, fuel-efficient, reliable, and extremely useful.

Mayotte

L'IGN met à disposition des données récentes pour répondre à la crise à Mayotte.

De son côté, le CNES met à disposition ses images spatiales :

À Mayotte, des satellites optiques et radar sont programmés afin de cartographier la zone sinistrée. Plus précisément, le CNES fournit des images satellites grâce aux satellites français Pléiades au cœur de ce dispositif.

Autocratisation

Dans Le Monde, Staffan Ingemar Lindberg, directeur de l’Institut Varieties of Democracy, revient sur la super année électorale.

En 2023, 42 pays se trouvaient dans un processus d’autocratisation [soit 35 % de la population mondiale, d’après V-Dem]. Depuis 1900, il n’y a jamais eu un tel nombre et une telle proportion de pays et de la population mondiale qui reculent en même temps sur le plan de la démocratie.

Il parle d'une troisième vague d'autocratisation.

Cette troisième vague se caractérise par des dirigeants qui arrivent souvent au pouvoir à l’issue d’élections relativement démocratiques, mais avec un programme antipluraliste qu’ils mettent en œuvre au coup par coup, en sapant les médias, les journalistes, les organisations de la société civile, l’un après l’autre. Puis ils cherchent progressivement à contrôler le système judiciaire. Ils utilisent beaucoup la désinformation et font bouger les normes de ce qu’il est possible de dire ou de faire.

Celleux qui restent sur X

Mael (@maeool@mastodon.social) lance Politix, un observatoire des responsables politiques actifs sur X.

Publicodes

Next revient sur le langage de programmation Publicodes développé par @maeool@mastodon.social.

Comptes à suivre dans le Fediverse

A lire

 
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Il y a quelques mois au détour d'une conversation, à propos d'Ursula K Le Guin, perdue dans les tréfonds des timelines mastodon (la conversation, pas UKLG) : @fay@lingo.lol m'indiquait que NK Jemisin surclassait Le Guin en termes de world-building.

Il y a quelques semaines, j'ai terminé de parcourir Stories Are Weapons de @annaleen@wandering.shop. Il y est justement question, en autres, de l'instrumentalisation de la science-fiction comme moyen de projeter des imaginaires dans des mondes construits et orientés idéologiquement. Des terrains de jeu de pouvoir. L'ouvrage consacre de nombreux passages à l'effort de Jemisin d'œuvrer à bâtir un monde infusant d'une narration contre-hégémonique.

C'était prévu pour bien plus tard, mais je me suis donc lancé dans le premier opus de la trilogie The Broken Earth. Peut-être que je n'aurais pas eu autant d'attente si je l'avais juste lu de but en blanc, mais la réalité est que c'est jusqu'à présent au-delà de mes attentes. La réputation de l'ouvrage et de l'autrice est bien méritée.

(Bien envie de relire vite fait Ways of Worldmaking de Nelson Goodman)

 
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https://www.anildash.com/2024/11/19/dont-call-it-a-substack/

We constrain our imaginations when we subordinate our creations to names owned by fascist tycoons. Imagine the author of a book telling people to “read my Amazon”. A great director trying to promote their film by saying “click on my Max”. That's how much they've pickled your brain when you refer to your own work and your own voice within the context of their walled garden. There is no such thing as “my Substack”, there is only your writing, and a forever fight against the world of pure enshittification.

 
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Children who have not yet lost much of their sense of wonder and fun have helped us to find an ethic about computing: Do not automate the work you are engaged in, only the materials. If you like to draw, do not automate drawing; rather program your personal computer to give you a new set of paints. If you like to play music, do not build a “player piano”: instead program yourself a new kind of instrument.

Alan Kay, Microelectronics and the Personal Computer (1976)

 
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https://blog.avas.space/tech-utopia-fantasy/

Has the tech world kept up this image, their promise, their goals? No. Even with AI now and the ads released for Gemini, ChatGPT and others, they still bank on the utopian world state they failed to deliver even until now. It's like we're made to believe it is always just. out. of. reach. but the next technological advancement will fix it and finally make it real.

 
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(3) To name is to understand. This is McMuskism: it’s McCarthyism on steroids, political persecution + Trump + Musk + Silicon Valley surveillance tools. It’s the dawn of a new age of political witch-hunts, where burning at the stake meets data harvesting and online mobs.

https://www.theguardian.com/commentisfree/2024/nov/17/how-to-survive-the-broligarchy-20-lessons-for-the-post-truth-world-donald-trump

  • (re)lire Reconnaître le fascisme d'Umberto Eco
  • lire Late Fascism d'Alberto Toscano

(14) Pay in cash. Ask yourself what an international drug trafficker would do, and do that. They’re not going to the dead drop by Uber or putting 20kg of crack cocaine on a credit card. In the broligarchy, every data point is a weapon. Download Signal, the encrypted messaging app. Turn on disappearing messages.


(17) There is such a thing as truth. There are facts and we can know them. From Tamsin Shaw, professor in philosophy at New York University: “‘Can the sceptic resist the tyrant?’ is one of the oldest questions in political philosophy. We can’t even fully recognise what tyranny is if we let the ruling powers get away with lying to us all.”


(18) Plan. Silicon Valley doesn’t think in four-year election cycles. Elon Musk isn’t worrying about the midterms. He’s thinking about flying a SpaceX rocket to Mars and raping and pillaging its rare earth minerals before anyone else can get there. We need a 30-year road map out of this.

 
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from le numérique est un champ de bataille

Je développe quelques informations glanées sur le web concernant le Project Nimbus. C’est une synthèse centrée sur le projet plutôt que les licenciements et sa controverse en tant que séquence. J’ai mis à la fin quelques pistes pour continuer à creuser les histoires qui pourraient être racontées et qui me sembleraient intéressantes.

Avec ce genre de billet, je cherche à savoir si j'arrive à formuler par écrit un sujet. N'hésitez donc pas à me signaler s'il y a des choses qui vous semble être de l'ordre de l'égarement ou s'il y a des informations complémentaires qui pourraient être pertinente pour mieux comprendre les choses.

ce qu’on sait du Project Nimbus

  • Le projet a été officialisé en 2021. Il s’agit d’un accord entre Israël et 2 entreprises US, Google et Amazon.
  • La valeur est de 1.22 USD.
  • La durée est de 7 ans.
  • C’est une prestation très large du service cloud.
  • Une partie concerne la mise en place d’un data center sur le territoire israélien ce qui permettrait à cet état de faire valoir une forme de souveraineté et d’échapper à un éventuel regard de l’Union européenne et de sa réglementation avancée sur la protection des données.
  • Une autre partie est la mise à disponibilité de services de consulting pour la connexion avec les services de Google déjà existant.
  • Le contrat stipule bien que l’armée sera aussi usagère de cette infrastructure.
  • L’infrastructure est ainsi faite pour que Google n’ait pas accès aux données et ne dispose pas d’un droit de regard sur les usages des technologies.
  • Cependant, les conditions d’utilisation empêchent théoriquement un usage à des fins de guerre ou de coercition.
  • Une clause amenée par le gouvernement israélien est l’impossibilité pour Google et Amazon d’annuler le contrat sous l’effet d’un boycott.

la réaction en interne

  • L’existence du projet suscite en interne des réactions vives, mais qui semblent autant minoritaires qu’isolées. Elles sont parfois médiatisées en donnant lieu à des articles. Cela entraine une réaction de l’entreprise autre qu’un durcissement rapide de la gestion des voix discordantes.
  • En 2022, Ariel Koren a été poussée dehors avec des pratiques vraiment douteuses. Elle revenait de congés maladie et avait été mutée au Brésil alors qu’elle vivait alors à San Francisco. Elle avait le choix entre démissionner et déménager dans les 3 semaines. La procédure, sous le regard de Google et d’un service tiers, a jugé que ce n’était pas des représailles à l’encontre de son activisme.
  • En 2022 également, Jack Poulson, qui était employé depuis 14 ans, démissionne à son tour en protestation du contrat.
  • En mars 2024, Eddie Hatfield avait fait une interpellation verbale pendant une conférence tech sponsorisée par une entreprise israélienne. Il a été licencié. Dans la foulée, Vidana Abdel Khalek, une employée du Trust and Safety, démissionne pour protester contre les pratiques de l’entreprise.
  • En avril 2024, une dizaine d’employé-e-s organisent un sit-in dans les locaux de New York City et Sunnyvale (CA). Ils iront jusqu’à occuper le bureau du CEO de Google Cloud. En tout 28 employé-e-s seront licencié-e-s sans que la participation aux manifestations soit nécessairement avérée.
  • Un élément difficile à appréhender est la place de la culture américaine. Il y a des différences notables en termes de : culture d’entreprise, attitude vis-à-vis de la colonisation du territoire palestinien, du sionisme et de l’antisémitisme. Sans parler également de la place de Google dans le mythe américain et du capitalisme numérique. Les États-Unis ont leur propre histoire faite de racisme et de ségrégation, mais également d’immigration et colonisation qui fait tout un gloubiboulga assez différent de la soupe mentale européenne.
  • Il faut également prendre en compte le climat économique actuel du marché de l’emploi dans le secteur numérique. Après une forte période d’embauches suite à l’exploitation de l’explosion des besoins en services permettant un travail massif à distance, l’ambiance est maintenant à un dégraissage (big layoff) pour atteindre les objectifs financiers de croissance économique et de rendements pour les actionnaires. Il faut également faire de la place pour de nouveaux investissements dans la bulle IA. Les employé-e-s du numérique, spécialement aux USA, voient une régression du rapport de force entre travail et capital. Les employé-e-s qui préfèrent se faire virer ou démissionner ont d’autant plus de courage bien que cela permette à peu de frais l’entreprise de s’éloigner discrètement d’une image d’entreprise à la pointe du progrès social et de continuer à rogner sur les marges.

cloud

  • Air du temps oblige, il est beaucoup question d’intelligence artificielle, mais il me semble que les problématiques de privacy, big data et cloud computing sont déjà bien assez importantes.
  • Le montant s’explique par la masse de données et le lieu de leur stockage pour éviter des transferts depuis des zones avec des régimes de protection plus strictes comme l’Europe.
  • Avoir des données personnelles ou individuelles en grande quantité est ce qui permet de faire du ciblage.
  • C’est aussi un prérequis pour une politique technocratique où les populations sont gouvernées du dessus comme dans de vastes simulations se rapprochant d’un jeu vidéo. Les citoyen-ne-s sont réduits en diverses lignes d’informations et si possible de chiffres, ce qui permettra des calculs et des simplifications. C’est toute l’ambition des techniques de machine learning ou d’intelligence artificielle. Dans ce contexte, les deux termes sont équivalents : réduire les individus à un petit nombre de valeurs utilisables. Par exemple, une probabilité d’être un membre de l’armée adverse et un autre indiquant l’importance dans la hiérarchie à partir des comportements sur les messageries sociales du type WhatsApp ou les données géographiques.
  • Le cloud computing est souvent ironiquement résumé par le déplacement de la propriété d’une ressource informatique. Là où habituellement, on achète un ordinateur ou un serveur, la fiction du cloud est celle d’une évaporation de cette ressource alors qu’elle se retrouve simplement déplacée dans un lieu éloigné. Sous couvert d’optimisation des ressources, cette mise à distance permet de cacher les coûts écologiques tout en concentrant le pouvoir.
  • Le cloud est également un modèle d’architecture très profitable. Il est difficile d’imaginer le contrat prendre fin en 2028 et tout l’enjeu stratégique pour les entreprises est de créer une situation de rente. Tout ce montage est largement thématisé dans la littérature sur le capitalisme de plateforme.
  • Enfin, le cloud permet à Israël d’utiliser des services grand public à des fins militaires et de surveillance. Par exemple, les employé-e-s de Google eux-mêmes soulignent que Google Photos permet de faire de la reconnaissance faciale sans créer directement une nouvelle brèche de privacy, mais en exploitant celle déjà énorme de l’accumulation de données personnelles par Google. Il n’y a pas vraiment de transfert de données ou de technologies seulement la location d’un service tiers. C’est aussi cela la magie du cloud.
  • Autant les big data que les technologies étiquetées « intelligence artificielle » sont tributaires de racines racistes et eugénistes (la phrénologie, Galton, Pearson, et Fischer) d’une part et de contrôle étatique d’autre part (la démographie comme contrôle politique et économique des populations). Un présupposé des dérivées de la reconnaissance faciale est la réduction des individus à des traits physiques lus par une machine. C’est une forme de déterminisme qui donne lieu à der formes d’oppression ainsi qu’une introduction invisible de biais idéologique dans une promesse de neutralité par effet de machine washing.
  • Ces technologies sont également gourmandes en ressources informatiques. Ce qui n’est pas sans rappeler les origines militaires de la Silicon Valley. Ce petit coin de Californie ne doit son existence et ses profits que par un besoin constant de l’appareil militaire US en technologie. Notamment pour assurer une forme de supériorité technologique d’une armée de métier amenant souvent une infériorité numérique sur le terrain.

Israël et Gaza

  • Actuellement, on ne sait pas grand-chose du contrat en lui-même. Il y a donc beaucoup de spéculation. Mais on peut le remettre dans le contexte dans la mise à disposition de technologies et de services à un État en conflit avec un autre. Ce conflit donne aujourd’hui lieu à un génocide qu’il est difficile de contester.
  • Gaza est un terrain d’expérimentation des technologies de surveillance et de guerre, de maintien de l’ordre et de propagande. C’était le cas avant l’escalade suite au 7 octobre.

interview des employé-e-s licencié-e-s

https://www.youtube.com/watch?v=rz8Y2NSPpXo

Cette vidéo est super pour mettre des visages et des voix sur les personnes qui luttent.

poursuivre ce chemin

  • Je ne vois pas trop quel intérêt à faire de nouveaux entretiens avec les employé-e-s qui ont quitté l’entreprise. Leurs propos sont déjà clairs et articulés. Dans un contexte francophone, j’aimerais bien savoir ce qu’il en est des employé-e-s qui travaillent sur le territoire européen ou qui en viennent.
  • Comment s’organisent ou non des employé-e-s d’autres entreprises fournissant des services et du matériel contribuant directement à une politique de surveillance et par extension à la mise en application d’une politique amenant à un génocide ?
  • Quels sont les modes d’action pour casser l’appareillage oppressif en tant que travailleur-euse du numérique ? Est-ce que visibiliser la continuité entre le quotidien des entreprises de services numériques à un paradigme technologique de gouvernementalité où tout tend vers le numérique et à une déshumanisation est suffisant ?
  • Quelles seraient les conséquences d’une rupture du contrat entre Google, Amazon et l’administration israélienne ? La somme doit être conséquente, mais de quel ordre sachant au regard de la richesse des deux entreprises au pinacle d’un oligopole.

références bibliographiques

Ce sont quelques références qui ont traversé mon esprit lors de la compilation de ces quelques notes.

  • Acemoglu, Daron, and Simon Johnson. 2023. Power and Progress: Our Thousand-Year Struggle over Technology and Prosperity. First edition. New York: PublicAffairs.
  • Crawford, Kate. 2021. Atlas of AI: Power, Politics, and the Planetary Costs of Artificial Intelligence. New Haven: Yale University Press.
  • Doctorow, Cory. 2020. How to Destroy Surveillance Capitalism. First edition. New York, NY: Stonesong Digital.
  • Hu, Tung-Hui. 2015. A Prehistory of the Cloud. Cambridge, Massachusetts: The MIT Press.
  • Martin, Olivier. 2023. Chiffre. Collection Le Mot Est Faible. Paris: Anamosa.
  • McQuillan, Dan. 2022. Resisting AI: An Anti-Fascist Approach to Artificial Intelligence. Bristol, UK: Bristol University Press.
  • Raji, Inioluwa Deborah, I. Elizabeth Kumar, Aaron Horowitz, and Andrew D. Selbst. 2022. “The Fallacy of AI Functionality.” In 2022 ACM Conference on Fairness, Accountability, and Transparency, 959–72. https://doi.org/10.1145/3531146.3533158.
  • Scott, James C. 2020. Seeing like a State: How Certain Schemes to Improve the Human Condition Have Failed. Veritas paperbacks edition. New Haven: Yale University Press.
  • Tréguer, Félix. 2023. Contre-Histoire d’Internet, Du XVe Siècle À Nos Jours. Marseille: Agone éditeur.
  • Zuboff, Shoshana. 2019. The Age of Surveillance Capitalism: The Fight for a Human Future at the New Frontier of Power. First edition. New York: PublicAffairs.

  • type : #veille
 
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from le numérique est un champ de bataille

J’avais besoin de me faire une petite synthèse concernant le licenciement de 28 employé-e-s de Google car ce que je lisais partait dans tous les sens à grands coups de paniques autour de l’intelligence artificielle. Mon intention était de manifester quelques chemins que j’aimerais voir apparaître et de réfléchir en faisant des phrases. Cela peut toujours dépanner celleux qui regardent la chose de loin pour éviter quelques confusions.

ce qu’il s’est passé

  • Mardi 16 avril 2024, des employé-e-s de la grande entreprise Google, et membres du collectif No Tech For Apartheid, ont organisé une manifestation à l’intérieur des locaux.
  • L’intention était de sensibiliser leurs collègues à propos d’un contrat commercial entre Google et l’État israélien. C’est le fameux Project Nimbus. Selon elleux, c’est une ligne rouge éthique qui est vécue comme la participation de l’entreprise au génocide à Gaza.
  • 28 employé-e-s se font alors licencier après des arrestations et de la garde à vue pour certain-e-s alors que d'autres ne semblent qu'avoir adressé-e-s la parole aux protestataires.

les notes en vrac

sur le projet

  • Le Project Nimbus est un accord commercial de 1,3 milliard de dollars US entre l’état israélien et des entreprises américaines, Google et Amazon, pour une prestation d’infrastructure cloud ainsi que du conseil en modernisation. L’accord date de 2021 et a une durée de 7 ans. Depuis son commencement, il suscite des inquiétudes et des mobilisations au sein de l’entreprise.
  • Pas de lien avéré pour le moment avec Lavender, le système permettant à l’armée israélienne d’établir une large liste d’individus à abattre en faisant fi des victimes civiles. À ne pas confondre avec The Gospel qui est le système qui détermine les bâtiments à détruire. Les deux systèmes optimisent, entre autres, l’étalement des bombardements dans le temps pour éviter des effets de creux et d’entonnoirs.
  • Il faut certainement inscrire le contrat dans le triptyque infernal : big data, cloud computing, et intelligence artificielle.
  • D’ailleurs même si on trouve des mentions de technologies commercialisées comme étant de l’IA, la problématique du paradigme de contrôle et de gouvernance introduite par l’informatisation et la quantification reste d’actualité. Looking at you la CNAF.
  • On peut retrouver la thématique de l’alignement entre le capitalisme de plateforme et les visions technocratiques des États modernes. Notamment l’importance du cloud computing dans les infrastructures de surveillance.
  • À mon avis, il y a une piste sur le rôle des grandes entreprises comme prolongement de la diplomatie. Confier une infrastructure critique à une organisation étrangère, plus particulièrement états-unienne, après les révélations de Snowden ainsi que les différentes mesures prises, par exemple par l’Europe, sur la protection des données, laisse songeur. Cohérence avec la politique du gouvernement US.
  • On y retrouve les nuances sémantiques concerne la vente d’armes au gouvernement et non à l’armée.
  • Contrairement à Maven qui impliquait le Pentagone, il n’y a pas encore eu de vague de protestation massive et médiatisée notamment avec des relais dans l’opinion publique. Le projet a alors disparu des radars et sa principale porteuse, Fei-Fei Li est retournée au monde académique. Cela dit quand même quelque chose sur les lignes de démarcation au sein de l’entreprise. La surveillance de masse, c’est non, mais un génocide, c’est emoji shrug.

sur les licenciements

  • Le licenciement expéditif de 28 employés ainsi que le ton autoritaire de l’email montrent une évolution du contrôle au sein de l’entreprise.
  • Cet entretien téléphonique de Marisa Kabas avec Hasan Ibraheem, un des employé-e-s licencié-e-s, est une lecture très intéressante et plus riche que la plupart des articles de presse qui font un travail touristique de synthèse.
  • On pourrait mettre cela en contraste avec :
    • démission de Ariel Koren en 2022 après une série de protestations écrites et des mobilisations sur les canaux de communications internes concernant le même Project Nimbus.
    • démission de Meredith Whittaker en 2019 suite aux Google Walkouts visant un manque d’actions concrètes contre les discriminations sexistes au sein de l’entreprise.
    • démission de Timnit Gebru en 2020 suite à la publication du célèbre article signé avec 3 autres co-autrices On the Dangers of Stochastic Parrots: Can Language Models Be Too Big? dénoncant l’exagération de la pertinence et les dérives éthiques de l’IA notamment les Large Language Models sur le plan de la consommation de ressources naturelles par exemple.
  • L’importance géographique du lieu de travail et retour de bâton du work from home. virulence de la sanction. Visibilisation de la dimension politique du télétravail au regard d’un esprit de contrôle.
  • La sociologie des employé-e-s qui semblent à la fois jeunes, à la fois en âge, mais aussi en ancienneté, et racisé-e-s.
  • Est-ce qu’on va voir enfin revenir la question du syndicalisme des travailleuses et travailleurs du numérique ?

email de licenciement

Serious consequences for disruptive behavior

Googlers,

You may have seen reports of protests at some of our offices yesterday. Unfortunately, a number of employees brought the event into our buildings in New York and Sunnyvale. They took over office spaces, defaced our property, and physically impeded the work of other Googlers. Their behavior was unacceptable, extremely disruptive, and made coworkers feel threatened. We placed employees involved under investigation and cut their access to our systems. Those who refused to leave were arrested by law enforcement and removed from our offices.

Following investigation, today we terminated the employment of twenty-eight employees found to be involved. We will continue to investigate and take action as needed.

Behavior like this has no place in our workplace and we will not tolerate it. It clearly violates multiple policies that all employees must adhere to — including our Code of Conduct and Policy on Harassment, Discrimination, Retaliation, Standards of Conduct, and Workplace Concerns.

We are a place of business and every Googler is expected to read our policies and apply them to how they conduct themselves and communicate in our workplace. The overwhelming majority of our employees do the right thing. If you’re one of the few who are tempted to think we’re going to overlook conduct that violates our policies, think again. The company takes this extremely seriously, and we will continue to apply our longstanding policies to take action against disruptive behavior — up to and including termination.

You should expect to hear more from leaders about standards of behavior and discourse in the workplace.

Source : The Verge

 
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from weeknotes

Une semaine de vacances, de vadrouille et de rage sur internet.

qu’est-ce qui s’est passé ?

  • 3 jours en vadrouille
  • 36 h en solo
  • le sondage Wikipédia
  • j’ai finalement publié une note synthétique sur le sujet

des joies

  • Avoir une journée à soi, c’était vraiment bien même si je n’en ai pas fait grand-chose. Ce n’est pas si rare, mais c’est toujours appréciable. Dans la suite, j’étais aussi content de retrouver ma petite famille qui m’a rejoint une grosse journée plus tard.

des peines

  • Le sentiment d’injustice et d’être témoin d’une violence par certains wikipédien·ne·s est toujours là et je ne sai pas trop quoi en faire alors que j’ai quand même quelques cartes entre les mains.

lu, vu, joué

  • 📕 lu d’une traite Paris 2024. Une ville face à la violence des jeux de Jade Lindgaard.
    • Très bel ouvrage fort d’un travail de terrain qui concerne plus le département de la Seine–Saint-Denis que Paris. Il y a une écriture journalistique qui rend les choses plus vivantes que les écrits plus théoriques et universitaires que d’autres livres critiques sur le sujet.
  • 📕 terminé la lecture de Power and Progress de Daron Acemoglu.
    • Premier livre de l’auteur que je termine. C’est beaucoup plus historique et politique que mon attente et c’est une bonne chose. Je pensais que ça allait être une digression contre l’intelligence artificielle de ses thèmes habituels qui sont tout de même adjacents. Il y a beaucoup de profondeur et donne à voir ce que donnne une lecture économique précise des effets de l’automatisation et de l’informatisation.
  • 📕 lu la fin de Le scarabée dans la fourmillière, L’arc-en-ciel lointain, et Les vagues éteignent le vent.
    • Tout cela m’a permis de terminer l’énorme intégral du Cycle du midi des [frères Strougatski]. C’était pas une mince affaire. J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de rentrer véritablement dedans. Je ne sais pas trop si cela vient d’un souci de traduction ou juste de l’évolution du style des auteurs.
  • 📺️ regardé les 2 premiers épisodes d’Avatar, l’adaptation de la série animée.
    • C’était étonnamment chouette d’autant plus que j’ai encore des visions de la première et dernière adaptation cinématographique. Je me demande par contre comment ils vont gérer la croissance réelle de l’acteur incarnant Aang.

chez les autres

avant

 
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from le numérique est un champ de bataille

Petit récapitulatif pour moi-même de la controverse qui agite la version francophone de Wikipédia et ses communautés. Bien que j’aimerai écrire plus longuement sur le sujet, je n’ai pas la bande passante nocturne pour le faire encore moins diurne. Je travaille de façon ouverte en espérant que les esprits refroidis retrouveront un brin de lucidité. Wikipédia est un projet important, chacun y contribue à sa manière, j’essaie de poser quelques bases pour éventuellement développer plus en détails certains points à l’avenir. Une note de synthèse en quelques sortes.

iels sont pertinent·e·s et écrivement mieux que moi

le sondage

Le 12 février 2024 des contributeur.ice.s de la version francophone de Wikipédia ouvrent un sondage titré « Mention du nom de naissance pour les personnes trans » pour prendre la température concernant les conventions éditoriales concernant la mention du dead-name des personnes transexuelles. La problématique est principalement les personnes dont la transition aurait eu lieu après une phase de notoriété. Cela fait suite à une tribune datant de 2022 dans l’Obs réunissant un nombre considérable de personnalités du monde culturel dénonçant le manque d’égard généralisé du site pour le respect de personnes.

Le sondage en question nécessite une lecture attentive d’une longue page et les modalités de participation ne sont pas simples à comprendre tant au niveau intellectuel qu’ergonomique. Il y a 6 questions et il faut aller éditer plusieurs champs textes dans un slalom d’avis plus ou moins digeste avec parfois une forme de violence écrite. La seule condition explicite est d’avoir au moins 50 contributions sur les pages d’article de Wikipédia et donc en ne comptant pas les pages de discussion ou les pages d’utilisateur·ice·s.

On peut aussi remarquer que la préparation du sondage n’a pas été vraiment fluide et que la question de sa publicité était déjà problématique. Une tentative précédente de sondage avait déjà eu lieu et mobilisé une discussion qui dura plus d’un an et demi pour finalement avorter.

Dans la terminologie de Wikipédia, les contributeur·ice·s distinguent un sondage qui est informatif et une prise de décision.

la controverse

La question intéressante pourrait être comment trouver des conventions techniques et rédactionnelles pour sortir concilier respect des personnes et encyclopédisme sans sacrifier aucun des deux ? Cette dernière notion est loin d’être figée et le degré zéro serait de se contenter d’être une succursale de l’état civil. C’est un moment important, car cela nécessite un vrai travail de concertation et de créativité. Cependant le débat n’est pas vraiment posé dans ce cadre, mais dans une attitude indélicate et feignante.

Sinkra: “Si vous avez un compte Wikipédia avec au moins 50…” – Eldritch Café

La controverse n’a d’ailleurs pas du tout lieu sur ces questions, mais sur la diffusion du sondage sur des réseaux sociaux, notamment le fediverse dans sa variante mastodon. Cela va créer un afflux, à vue de nez, d’une trentaine de votes alors qu’on peut compter plus de 300 participants au total.

Discussion Wikipédia:Sondage/Mention du nom de naissance pour les personnes trans — Wikipédia

Des personnes concerné.e.s par le sujet vont souligner dans la page de discussion du sondage leur malaise ainsi que la violence par maladresse de la démarche et des formulations. On peut considérer qu’il y a une forme de transphobie à ne pas inclure, comme dans « inclusif », proactivement des personnes sensibles à ces questions ou bien même à se sensibiliser soi-même ou collectivement avant d’entreprendre un sondage public. Demander de l’aide, c’est un savoir-être. À partir de ce moment, la page de discussion part dans tous les sens. On assiste surtout à une chambre d’écho d’un petit nombre de contributeur·ice·s que l’on pourrait qualifier de piliers de comptoir qui vont s’autoconvaincre qu’un signal d’alerte est une forme de déstabilisation frisant la cyberattaque par une puissance étrangère. Il y a ce genre de choses sur les Wikipedia, c’est un sujet sérieux, mais dans l’instant, c’est proprement surréaliste. La page discussion contient tous les éléments de langage permettant de s’autopersuader que le problème n’est pas le sondage, mais ceux qui le critiquent. C’est tout un florilège de mantras et de formules vide de sens comme « Wikipédia n’est pas un projet politique » ; il y a bien une page wikipedia sur le sujet mais elle est loin d’être aussi simpliste que cette formulation. Le but ici n’est pas non plus de faire un inventaire des biais de la communauté ayant le monopole de la parole.

Wikipédia:Bulletin des administrateurs/2024/Semaine 7 — Wikipédia

Le 19 février, 7 jours plus tard donc, une procédure de blocage est ouverte en ciblant plusieurs personnes ayant partagé le lien vers le sondage ou ayant participé aux discussions dans le « bulletin des administrateurs », la page de travail des administrateurs. Les administrateurs sont des contributeur·ice·s reconnu·e·s par les autres comme méritant des droits d’instances pour fluidifier la collaboration autour du projet. Cela, c’est la théorie. Dans les faits, il y a une visible dérive de certain·e·s vers un rôle judiciaire entre juge et flic.

Le 23 février, plusieurs personnes sont ainsi bannies bloquées de façon indéfinie. Parmi celles-ci se retrouve @Pandora@eldritch.cafe pour avoir fait valoir sa voix de concernée et chercher à défendre une meilleure inclusivité dans la consultation. @MarcBrillault@eldritch.cafe est également bloquée de façon indéfinie pour avoir alerté avec beaucoup de patience. Sur fond de rancune de longue date contre le projet Les sans pagEs, @Sinkra@eldritch.cafe se fera bloquer 3 jours. Un blocage signifie l’impossibilité d’écrire sur une page quelconque mettant ainsi fin de façon brutale à la discussion. Les votes comptent au maximum 23 participations. S'il y a un article journalistique à écrire, cela sera un très bon début d'aller recueillir leur témoignage.

Wikipédia:Sondage/Mention du nom de naissance pour les personnes trans/Tableau vote et nombre de contributions — Wikipédia

La situation est telle que des contributeur.ice.s ont eu la bonne idée (sarcasme) de faire liste des participant·e·s du sondage ayant moins de 1 000 votes et moins de 50 votes. La page de discussion du sondage s’étale également en palabre pour savoir si ces contributions doivent être depuis leur inscription, les deux dernières années ou en 2024. À un moment donné, les noms des comptes étaient indiqués avant un rétropédalage de bon sens. De la bonne surveillance.

quelques lectures intéressantes

  • Wikipédia:Règles et recommandations — Wikipédia. L’état d’esprit de contribution est largement plus flexible que ce que laisseraient penser les comportements d’une poignée d’individus. En parcourant les pages « méta » de Wikipedia sur Wikipedia, on retrouve un discours beaucoup plus nuancé et ouvert.
  • Wikipédia n’est pas : une bureaucratie. Tout cela me laissait avec une impression d’articulation entre une hiérarchie formalisée et informelle (le prestige du nombre de contributions par exemple). Encore une fois, je suis content de voir que le but est avant tout la collaboration, le travail ensemble, plutôt qu’une vision rigoriste de règles gravées dans le marbre. Bien entendu, il y a le texte et la réalité des pratiques.

les articles que je n’écrirai pas

  • Un état de l’art actualisé de la littérature académique sur le sujet ou au moins un feed des articles concernant les projets Wikipédia. Il y a par exemple, une section « recent research » dans The Signpost, le bulletin sur l’actualité du projet anglophone.
  • La manifestation du pouvoir et de l'autorité dans les partiques communautaires en ligne.
  • La majorité silencieuse des administrateur·ice·s de Wikipedia.
  • Wikipedia français ou francophone ? Dans les faits, il y a tout un travail d’élargir le contenu pour échapper à l’inertie de la masse française du réseau francophone. C’est loin d’être une évidence et cela apparaît dans [le bistrot], le principal espace de bavardage interne.
  • Bénévolat, travail gratuit et comportements dans les communautés web.
  • La notion d’espace public au regard des projets Wikipédia.
  • Est-ce que Wikipédia doit bénéficier d’une forme d’exception ?
  • Sagesse des foules, intelligence collective, auto-organisation, ces concepts qui traversent et motivent les communautés de Wikipedia.
  • Des outils communautaires pour mieux se comprendre. Réactiver mes travaux sur les analyses de textes et de réseaux autour de Wikipedia. Il y a des personnes comme @pac2@wikis.world qui fait déjà un travail considérable sur observable.
 
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from weeknotes

Une semaine mélangeant travail et congés. Je suis parti en vadrouille dans la foulée de ce qui fait que ce billet est à la fois succinct et décousu. Je reprendrai quelques fils ouverts la semaine suivante.

qu’est-ce qui s’est passé ?

  • 3 jours de travail, puis 1 journée sans enfants qui a été écourtée pour commencer des vacances que j’attendais depuis quelques semaines.
  • le nom de domaine paris2024.lol était disponible.
  • terminé un carnet d’écriture quotidienne.
  • j'ai enfin arrêté mon abonnement spotify famille et recommencé à me faire une bibliothèque musicale. Soulseek fonctionne encore très bien.
  • j'ai speed runné un diorama qui trainait depuis un an et demi.

des joies

  • Au retour des grandes vacances, j’avais l’ambition de tenir un gaming journal sur les jeux vidéos et des sessions de jeu de rôle solo, mais je me suis rendu compte que je n’avais plus ou pas de pratique d’écriture quotidienne. Je me suis alors lancé dans le défi d’écrire au minimum 15 minutes et au maximum 1 page par jour dans un carnet de 192 pages. Un peu comme Forest Gump qui se met à courir là, c’était mon ressenti au début. J’ai tenu le rythme avec un écart pendant les vacances de Noël. J’ai encore quelques bons souvenirs de prendre le temps d’écrire ces pages en sortant du cinéma et de rentrer chez moi. Pendant assez longtemps, c’était de l’écriture automatique. Au bout d’un peu plus de 120 jours, les pages sont devenues plus structurées et j’avais quelques “prompts” en cas de manque d’inspiration ou de fatigue. Bref, il y a beaucoup de choses à dire de ce genre d’expérience. J’en tire un vrai plaisir et je pense que cela m’a aidé dans un tas de situations. Je continuerai dans un format plus réduit en nombre de pages pour également avoir plus d’espace pour une certaine passion pour la papeterie.

des peines

  • J’ai participé au sondage wikipedia qui s’est avéré être un magnifique dumpster fire. Je me suis même retrouvé pris à parti comme étant un “pantin”. C’est assez absurde et j’ai comme l’impression que le bon sens a été évacué depuis un certain temps au sein des bavards de la communauté. Tout cela a entrainé la production d’un tas de brouillon d’articles dont je ne sais pas trop quoi faire, mais qui m’ont permis de ne pas me lancer tête baissée dans une perte de temps sur le web ; cela dit cela fera une bonne série de sujets froids. Heureusement, j’ai pu avoir également, par le passé, des interactions avec des personnes qui étaient à mille lieues de cette ambiance. Je me rends compte au passage que les deux années à un projet de recherche autour de l’encyclopédie sont difficilement réactivables alors que j’avais à l’époque une grande liberté de moyen et de temps. Je m’étais complètement perdu dans une forme de performativité à parler pour prétendre. Le revers de l’autonomie. Cela dit j’ai des lectures qui me reviennent et si jamais il le fallait, je ne repartirais pas complément de zéro dans la mesure où j’ai quand même accumulé une connaissance pratique des matériaux à disposition, les réseaux, les textes, les communautés, etc. Reste quand même l’amertume que construire un web progressiste est un long chemin loin d’avoir été entamé. Cela fait aussi quelques semaines que j’avais dans l’idée d’être plus soutenu dans mes contributions, mais cela a bien douché ma motivation et m’amène à regarder avec un peu plus de lucidité l’objet en question.

lu, vu, joué

  • 📕 terminé L’inquiétude et Le petit dans Le cycle du midi des frères Strougatski
  • 📖 commencé et bien avancé dans Le scarabée dans la fourmilière dans Le cycle du midi
  • 📖 lu des bouts de Power and Progress de Daron Acemoğlu

avant, avant

 
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from weeknotes

Il y a des films qui vous transforment. Je ne sais pas si je me souviendrais de Past Lives dans quelques temps mais ce film aura bien retourné ma semaine. Je me rends compte en écrivant ce billet hebdomadaire.

qu’est-ce qui s’est passé d’intéressant ?

  • Grâce aux bons conseille de @cedricr@mapstodon.space, je suis passé récupéré des ouvrages en click and collect chez Shakespeare and co, ce qui a alimenté ma pile tsundoku et m’a valu une seconde commande au retour.
  • J’ai migré cette instance WriteFreely vers la v0.15.0 parue le week-end précédent. Cela s’est passé sans encombre. J’hésite à activer l’inscription aux nouveaux articles par email bien que cela ne soit pas trop ma pratique de lecture. Les newsletters dans les boîtes mail restent quelque chose d’important pour beaucoup de personnes.
  • J’ai vu Past Lives qui m’a bien travaillé intérieurement.
  • C’est le début de la nouvelle année lunaire.
  • J’ai récupéré mon vieux baladeur à cassette qui ne fonctionne malheureusement plus.

des joies

  • Les semaines précédentes, j’avais remis en route l’appareil photo qui ne cessait de rester dans ma poche ou mon sac. Cette semaine, j’ai finalement pris le temps de publier quelques photos en ligne. C’est un nouveau début plaisant.
  • J’évite plus ou moins fort de parler de mon travail ou de travail dans une démarche de faire en sorte que tout ce temps ne soit pas non plus de l’espace mentale. Cependant avec le travail d’écriture que je fais ici et ailleurs, j’ai l’impression que cela fluidifie énormément ma production écrite. Il y a un certain soin que j’apprends petit à petit à développer mes idées avec des mots et une forme de narration. Je sors de mes calculs, de mes systèmes d’idées et de mes pensées privées. Tout cela se manifeste par des retours positifs qui sont d’autant plus agréables dans la mesure où j’ai la sensation d’approcher une forme d’équilibre dynamique.

des peines

  • J’ai l’impression de me diluer dans les différentes possibilités. C’est un sentiment qui va et vient de façon chronique. Je réfléchissais au personnage de Nora dans Past Lives et son ambition poussée par la culture libérale de ses parents, et la dilution m’empêche souvent d’aller là où je pense vouloir aller. J’avais déjà une facilité à accumuler des hobbies et les objets qui vont avec ; sans aucun doute un mal très contemporain. Le covid et ses confinements ont fait exploser cette dynamique. Je me retrouve par exemple avec une étagère plein de matériel pour faire des maquettes et des gunpla, mais je ne sais pas si j’aurai à nouveau le temps de m’y remettre. À vrai dire, je me dis qu’il faut que je me débarrasse de tout cela d’une façon ou d’une autre, mais l’accumulation reste. Dans les bons, je pense à cette vidéo d’Adam Savage qui vend bien l’optimisme d’une démarche généraliste. Dire au revoir à toutes les personnes que je ne serai pas et toutes les proches qui vivent dans mes fictions intérieures est, en partie, triste. « Il y a ce qu’on perd, et ce que l’on trouve » comme dirait la mère de Nora. Il y a des tristesses qui ne sont pas des mauvaises choses.

en images

lu, vu ou joué

  • 📕 terminé L’île habitée dans l’intégral du cycle du midi d’Arkadi et Boris Strougatski
    • L’ascension réussie des 700 pages de The Unreal and the Real m’ont redonné assez de confiance pour me relancer pleinement dans la lecture de l’intégral du cycle du midi. Avant cela, j’avais l’intention d’en lire un morceau par-ci, par-là pour me ménager. J’avais aussi le compteur de livres lus selon l’ontologie de Goodreads qui me faisait un blocage complètement superflu. Je lirai ce livre jusqu’au bout et je compterai chaque roman comme un livre en soi. Les lectures précédentes de Le Guin sont également assez vivantes dans ma mémoire et j’apprécie beaucoup le décalage de leur univers par rapport aux canons de la SF. Il y a une vraie poésie et même une forme d’optimisme qui s’éloigne de l’utopisme technobéat.
  • 📕 terminé Blood in the Machine de Brian Merchant
    • Les ponts avec l’actualité sont importants, mais moins forts que ce que je pensais. Le détail historique est par contre fondamental. Cela m’a permis de remettre en cause mon usage du mot « luddite » comme une caractérisation positive d’une critique de l’automatisation. Je pense que c’est un terme à utiliser avec plus de subtilité. J’espère que des plumes effectives parleront de cet ouvrage et qu’il sera traduit pour avoir une discussion à son propos.
  • 📖 commencé Power and Progress de Daron Acemoglu
    • C’est le livre que j’avais prévu de lire, mais en faisant un détour par Power Games avant cela. Mais je n’avais pas encore mis de ce dernier dans ma liseuse alors j’ai commencé le livre d’Acemoglu pour voir et c’est tout bonnement passionnant. Je ne pensais pas que c’était une critique prenant les discours sur l’intelligence artificielle comme point de départ, mais c’est d’autant mieux.
  • 🎥 vu Past Lives de Celine Song
    • C’est un film émouvant, qui m’a bougé et me faire encore bougé. J’aimerais en dire beaucoup de choses, mais je suis encore en train de le digérer.
  • 📺 terminé Blue Eye Samurai avec le s01e08

les bons liens

chez les autres

un autre temps

 
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